Ambroisie Alba

D'un mouvement lent, son corps s'arqua vers l'arrière jusqu'à ce que son dos forme un arc de cercle, son équilibre demeurant intact uniquement grâce aux prouesses que pouvait exécuter son corps. Sur son visage pouvait se lire la facétie qui habitait cette femme au corps tout en courbes et en déliés. Ses prunelles étaient habitaient d'une flamme, d'un brasier d'énergie que l'on retrouvait, maîtrisé, dans ses mouvements actuellement si lent. Sa peau était luisante sous la lueur folle du feu qui dansait autour d'elle, caressant son ventre plat et s'enroulant autour de ses bras en de lents et fascinants serpents. Toujours avec cette apparente facilité, elle se redressa, ses ailes jusqu'alors déployées sur le sol longeant son dos avant d'effleurer le sol en bois de leurs plus longues plumes. Du bout des doigts, d'une pensée volatile elle manipulait son feu qui de son jeu d'ombre et de lumière donnait vie à tous les fantasmes.
Elle refit face au public, et son sourire était autant de rire muet qu'il était possible d'en imaginer.
D'un mouvement de hanche elle recentra toute l'attention qu'elle aurait eu le malheur de perdre. Ses longs cheveux roux ondulaient avec autant de grâce que s'ils étaient dotés d'une vie propre. Ses ailes se joignirent en hauteur, ses rémiges n'étant plus séparés que par quelques pauvres centimètres. Et la danse changea de rythme.
Elle devint plus enflammée, plus entraînante. Et la voix profonde et grave du chanteur fit frissonner chaque personnes présentes dans le bar lorsque chaque paroles, chaque soupirs, fut accompagnés des gestes tellement précis et suggestifs de cette femme dont le corps se mouvait à seulement quelques pas d'eux.
Son sourire intact était une preuve si il en fallait de son inaccessibilité.
Et alors que la dernière note s'égrenait difficilement dans l'air chaud, la danseuse conservait sa position finale, assise au sol, une jambe a plat et arquée, l'autre dont le pied ancré au sol laissait sa peau à nue. Son buste était penché en avant, le bout de ses dix doigts posés sur le sol, les épaules sorties comme une lionne prête à l'attaque et ses ailes déployées, immenses, splendides dominaient la salle. Les lumières s'éteignirent, son feu s'essouffla d'une pensée, et dans la pénombre soudaine, seuls ses yeux brillèrent finalement avant que le rideau ne se ferme.